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Solresol et l'espoir du tambour battant | Festival Musical

Réfléchissez. Si après l’extinction de l’humanité (noyée dans ses propres larmes après le retour de Keen’V), des aliènes venant à la rencontre des vestiges de notre civilisation étaient amenés à trouver un livre et une partition de musique, laquelle de ces deux écritures considéreraient-ils alors comme notre moyen de communication ? D’un côté, se trouve un artefact manuscrit, regroupant une foule de caractères complexes qui diffèrent selon l’endroit dans lequel on se situe sur le globe et dont la compréhension est exclusive à une tranche limité d’individus, en outre, à une peuplade bien spécifique. Et d’un autre côté, on a quelques signes rudimentaires dispersés élégamment sur un panel de 5 cordes, dont le déchiffrage s’avère être universel, dont l’appréhension parait dépasser les barrières culturelles et ethniques. Si bien que nous pouvons affirmer sans l’ombre d’un doute que les extraterrestres jetteraient leur dévolu sur l’exaltation de l’ouïe plutôt que sur l’écriture en tant que telle.

Mais il n’y a pas besoin d’attendre la venue du troisième type pour rendre compte du côté rassembleur de l’art.

Le 10 juillet s’est déroulé dans une petite ville marocaine le festival musical ‘’Toboul’’ regroupant des percussionnistes des 4 coins de la planète. Plus communément appelé ‘’Festival des tambours’’, cet événement a rassemblé pas moins de 150 artistes. Parmi eux, des Brésiliens, des Sénégalais, des Français, des Russes, des Américains et j’en passe.

Le même événement s’est produit à Fès, sauf que cette fois-ci, il s’agissait du festival ‘’Des musiques sacrées du monde’’ où on retrouve encore une pluralité dans l’origine ethnique des différents musiciens, qui cette fois-ci se sont unis pour évoquer la spiritualité au travers de leur instruments. De l’hindouisme en passant par l’islam, ce choc culturel entraîne l’engouement d’une foule tout aussi belle dans sa diversité que les différents groupes présents sur scène. Les individus composant le publique, aussi différents soient-ils, partagent dès lors un moment qui ne peut en laisser aucun indifférent. Peu se ressemblent mais tous se rassemblent autour d’une mélodie qui les emportent dans une mouvance commune. Une valse qui mêle chacune des essences particulières de cette agora cosmopolite en un tourbillon coloré.

La musique, en plus de transmettre une émotion dont l’appréhension se veut être globale, est aussi porteuse d’une mission bien plus spécifique, à savoir, la création d’un langage atypique, ‘’La Langue Musicale Universelle’’ aussi appelé le ‘’SolReSol’’.

Le Professeur Sudre, alors professeur de musique à Paris, décide de créer au 19ème siècle une manière de communiquer à distance, à l’aide d’un clairon. Son invention donnera plus tard naissance à la téléphonie.. Le principe est simple. On associe des notes pour faire des mots. Par exemple, bonjour donne ‘’DoSolFaSi’’. Ce langage est pourvu d’une grammaire et d’une conjugaison spécifique. Aussi, pour mettre sa phrase sur un monde passé, il faut jouer deux ré rapidement, pour évoquer le futur, il faudra encore jouer deux ré mais plus doucement. L’apprentissage de cette langue disparue et peu connue du grand publique est possible si vous réussissez à vous procurer le Livre de François Sudre, ‘’Le livre de la langue musicale universelle’’. Sûrement viendra le jour où les ruines de la tour de Babel s’effondreront, et que sur ces cendres, verra le jour un monde où les hommes parleront tous la même langue, le SolReSol.

Cette réflexion nous amène donc à considérer le caractère transfrontalier de la musique comme étant un formidable moteur dans le dépassement de nos préjugés et l’acceptation d’autrui. La musique tend à unifier notre monde, là où aujourd’hui, l’isolationnisme et la peur font rage. Peut-être faut-il voir en une flûte ou une guitare, la clé pouvant nous faire nous ouvrir à l’autre. Peut-être que la fracture sociale, les divisions ayant ravagé l’humanité, et tous ses maux peuvent trouver remède dans une simple mélodie.


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